Narcoculture audiovisuelle mexicaine et synergies médiatiques frontalières : le cas du narco-cinéma videohome et des narco-corridos

SEANCE 11 : 27 mars 2023

Conférence : Gabrielle Pannetier-Leboeuf (Université de Montréal)

Modération : Annaëlle Winand (Université Laval)

Résumé

Le narco-cinéma videohome, cinéma de série B produit et réalisé à une vitesse vertigineuse au Mexique et au sud des États-Unis et regroupant des films dont les trames narratives portent sur le narcotrafic frontalier, est l’un des sous-genres cinématographiques quantitativement les plus produits en Amérique latine depuis les années 70. Exempt de reconnaissance officielle, exclu des statistiques mexicaines portant sur le cinéma national et souvent ignoré par la critique et par l’académie en raison de son esthétique et de ses trames narratives peu soignées, le narco-cinéma est toutefois consommé par des millions de spectatrices et de spectateurs, principalement issus des classes défavorisées et moyennes, et représente une industrie culturelle non négligeable. Les narco-corridos, pour leur part, sont des pièces musicales aux influences de polka et de valse exposant l’actualité en lien avec le trafic de stupéfiants. En raison de la montée en popularité des sites web d’hébergement de vidéos et des médias sociaux, les narco-corridos sont de plus en plus consommés par le biais d’Internet grâce au visionnement de leurs vidéoclips, et l’expérience musicale des auditrices et des auditeurs cesse dans bien des cas d’être seulement auditive pour devenir pleinement audiovisuelle.

La conférence proposée présentera les particularités de ces productions culturelles à la lumière du caractère multidirectionnel des interactions existant entre les narco-corridos et leurs vidéoclips et les films de narco-cinéma videohome. Ainsi, ces différents médias s’appuient étroitement les uns sur les autres pour accroitre leur popularité, au point d’entretenir entre eux une relation d’interdépendance. Il sera question non seulement des liens d’inspiration, plus évidents, rapprochant les films des pièces musicales qui les précèdent chronologiquement, mais également des synergies médiatiques propres à la narcoculture posant, d’un côté, les narco-films, et de l’autre, les narco-corridos et les vidéoclips de ces derniers, comme productions culturelles ne prenant tout leur sens qu’une fois consommées ensemble.

Gabrielle Pannetier Leboeuf est candidate au doctorat en études hispaniques à l’Université de Montréal en cotutelle avec Sorbonne Université – Faculté des Lettres, sous la direction des professeurs James Cisneros et Nancy Berthier. Elle est membre du laboratoire de recherche CRIMIC – Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes Ibériques Contemporains (Sorbonne Université) et du Réseau d’études latino-américaines de Montréal (RÉLAM). Sa thèse de doctorat porte sur les représentations féminines dans les films de narco-cinéma de série B et dans les vidéoclips de narcocorridos produits à la frontière mexico-états-unienne (BESC Joseph-Armand Bombardier, CRSHC, 2016-2019). Ses principaux intérêts de recherche sont les représentations féminines dans les productions audiovisuelles au Mexique, le cinéma d’exploitation, la critique féministe du cinéma et des arts médiatiques, les études culturelles et les études décoloniales.

Elle a enseigné les cours Cinéma et littératures hispaniques et Amérique latine : cours synthèse offerts au Département de littératures et de langues du monde ainsi que plusieurs cours d’espagnol au Centre de langues de l’Université de Montréal. En 2018-2019, elle a été auxiliaire de recherche pour le projet « Le théâtre et la rencontre des cultures ibérique et japonaise au 16e siècle » coordonné par le Professeur Javier Rubiera et financé par le CRSHC. Elle a codirigé le dossier « Regards ibériques et latino-américains sur le transnational » de la revue Iberic@l (2019). Elle a aussi été directrice du laboratoire doctoral CRITIC en 2018 et en 2019, membre du Conseil d’administration du Colloque étudiant multidisciplinaire international VocUM de 2016 à 2022 et Coordonnatrice de l’Association étudiante de littérature comparée de l’Université de Montréal depuis 2019. De plus, elle a fait partie du jury du Festival de cinéma Different! à Paris en 2018. Elle est secrétaire de rédaction pour la revue Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques depuis janvier 2022.

Annaëlle Winand est chercheuse postdoctorale auprès du département des sciences historiques de l’Université Laval (Québec). Elle détient un doctorat en sciences de l’information obtenu auprès de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (Université de Montréal). Elle est par ailleurs diplômée d’une maîtrise en histoire et archivistique de l’Université de Louvain (Belgique) où elle a travaillé en tant qu’archiviste. Ses recherches se concentrent sur les notions d’archive(s), d’inarchivable et d’impensé archivistique dans les pratiques filmiques et vidéographiques expérimentales et dans le domaine des archives de communauté. Elle est activement impliquée dans divers projets de recherche dont « Autres archives, autres histoires : les archives d’en bas au Québec et France » (Université Laval, Québec et Université d’Angers, France).

Les midis de l’intermédialité est un rendez-vous proposé par le CRIalt et destiné aux jeunes chercheuses et chercheurs (de la maîtrise au postdoctorat) désireux de faire connaître leurs travaux en lien avec l’intermédialité auprès de leurs pairs. Chaque séance se compose d’une présentation d’une vingtaine de minutes, suivie d’une discussion encadrée par une modératrice ou un modérateur invité. Il est mis en place sous la responsabilité de Rémy Besson et coordonné par Jenny Brasebin.